BRUNO CHAVANNE

Bruno Chavanne : l’exposition
"Séquences"

Pour Bruno Chavanne, peintre français né en 1957, la peinture fût toujours là. Son parcours
artistique officiel n’en atteste pas et pourtant, une pratique régulière en amateur le conduit au
final à l’aube des années 90 à accepter ce sentiment d’une possible vie nouvelle.
Sa maturité en tant que peintre est cependant bien là, comme si ces années de gestation lui
avaient donné le temps de poser sans valse-hésitation des règles conscientisées d’une pratique
de la peinture. 
Et c’est bien la question du temps dont il s’agit dans son travail. Le saisir, en faire la matière de
ses toiles à poser au mur ou à même le sol dans un geste de défi face à une certaine
sacralisation de l’œuvre d’art.
Séquences, l’exposition proposée au 6, Mandel est la résultante de contraintes que l’artiste aime
affronter car elles stimulent sa création.
Cette exposition sera l’occasion de présenter un ensemble d’œuvres d’assez grand format - 150
x 150 cm - mais également des réalisations plus intimes répondant ainsi aux différents volumes
proposés par le lieu lui-même. 
Travaillant sur le principe du palimpseste, Bruno Chavanne accumule sur toile ou sur Dibond des
matières récupérées et plutôt disparates, allant pour les œuvres exposées du papier à l’organza
en passant par la pellicule de films 35 mm - trouvés, segmentés et réorganisés.
Ces différentes matières s’entrecroisent et constituent au fur et à mesure d’une accumulation
maîtrisée, une trame faite de séquences que Bruno Chavanne va lier entre elles par la pose au
pinceau d’un "jus" coloré plus ou moins dense, structurant ainsi sa composition. Partant du détail,
du disparate, de la rupture, du passé (les films), l’artiste aboutit à une grille de lecture quasi
minimaliste avec des attirances pour une symétrie volontaire. Les jeux de juxtapositions ramenant
notre œil à la surface créent des effets de couleurs, de matières, de transparences, d’effets
visuels, de rythmes au champ infini.
Bruno Chavanne pratique la peinture tout comme il utilise des impressions d’après fichiers
numériques (travail sur Dibond). Ces deux gestes - mélange de classicisme et d’ultra modernité -
dénotent une curiosité créatrice où la matière n’est prétexte qu’à la mise en œuvre d’une
écriture personnelle. Le peintre est là aussi pour organiser ces anachronismes, cherchant le point
d’équilibre.
Ainsi, aux supports hétérogènes que Bruno Chavanne utilise pour leur plasticité et à la
complexité des trames obtenues, il propose comme "objet" final une image à la force vibratoire
perturbante.


Nathalie Béreau, juillet 2009 


"Opposer la mémoire à une modernité amnésique. Camper dans les marges, avancer vers
l’inconnu."
"Un ensemble se dessine avec un leitmotiv : la peinture, cet archaïsme, vibre de ses ambiguïtés
et de tant de mystères. Elle est acte de résistance car son mobile est humain. Elle cherche
inlassablement à s’affranchir des dogmes et demeure l’expression sublimée d’une liberté d’être."

Bruno Chavanne